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2013 12 14 Quel devenir au pacte de non avenir pour la Bretagne ?

Nous reproduisons ici l'analyse d'un camarade de la CGT Douanes à laquelle nous nous joignons.

 

Le document intitulé « Pacte d’avenir pour la Bretagne » signé à Rennes entre le président de région et le préfet de région en présence du premier ministre constitue une voie de non-avenir pour la Bretagne à la fois pour les trois piliers développés :

  • Les mesures d’urgences

  • Le plan agricole et alimentaire

  • Les mesures de soutien à la compétitivité des entreprises et des territoires, notamment par le renforcement du dialogue social.

 

  1. Un engagement financier ridicule, ou les recettes d’une bonne communication !

Avant de détailler les différentes mesures, il faut se pencher sur le volet financier de cette affaire (détaillé à la page 84 du rapport).

Les mesures d’urgence se définissent à hauteur de 179 millions d’€, dont 46 millions (25.5%) par l’état, 16.7 millions d’€ par l’Union européenne et 0 million d’€ de la Région.

Pour la période 2014 -2020 : qui se situe à hauteur de 1 milliard 211 millions d’€ : on trouve 673 millions d’€ par l’Etat (52 %), 368 millions d’€ par l’UE et 250 millions d’€ pour la Région et les collectivités territoriales (soit 10% pour la région à hauteur de 120 millions d’€).

Donc on est très loin, très loin des « 2 milliard d’€ de subventions aux bretons » annoncés par la presse.

  1. Des mesures d’urgences étriquées :

 

En annonçant répondre à l’urgence, à la fois l’Etat- PS et la Région-PS veulent : « anticiper et accompagner les mutations sociales et industrielles et soutenir l’investissement public… » Et de rappeler que 15 millions d’€ de l’Etat seront versés (sans contrôle, ni contrepartie) aux acteurs de la filière volaille export fragilisés par la disparition des restitutions (prévues depuis 1996) auxquels s’ajouteront 15 millions d’€ de la PAC qui pourront être mises en œuvre dès 2014 et le Conseil Régional continuera à mobiliser 4 millions d’€ (non retrouvés dans la fiche financière page 84).

Au total, personne ne sait quelles sont les sommes qui seront affectées aux mesures d’urgences !

 

Accompagner les restructurations (article 2, page 4) : les mesures sont fort limitées ; elles se résument à la création d’une bourse pour l’emploi avec un téléphone dédié à Pôle Emploi et des études de reconversion de sites. Signalons cependant l’attention portée à la formation professionnelle à la mobilité (pour aller travailler en Roumanie ?), d’égalité professionnelle (H/F, sans aucune proposition) et à l’évocation d’une louable intention : « L’acquisition des savoirs fondamentaux sera une priorité » (page 5) : Quand et comment ? Nous n’en saurons pas plus.

 

Développer des stratégies d’anticipation adaptées pour les territoires et les entreprises (article 3) :

Dans ce cadre, l’Etat et la Région coordonnent et créent des plateformes d’appui aux mutations économiques « pour coordonner, concentrer et renforcer nos actions et nos moyens… » : Bla, Bla, Bla….

Ainsi sur le volet entreprises (et particulièrement dans l’agro-alimentaire ou se développent les TMS) un très beau truisme :

«  La prévention des risques professionnels requiert de véritables politiques d’amélioration » par qui et comment ?

Pour sa part « La Région accompagne… Mais ce sont… Les départements, acteurs de la solidarité sociale qui se mobilisent…dans une logique d’accompagnement des personnes et de leurs familles «. En bref, la Région maître d’œuvre et les départements fossoyeurs.

 

Soutien à l’activité par l’investissement public (pages 8 et 9) :

Vaste catalogue des différents projets dans :

  • L’enseignement supérieur et la recherche

  • Le logement

  • La transition énergétique

  • .. pour un total de 136 millions d’€ .

Mais « … Le recensement des projets est en cours. ».

 

  1. « Conforter la Bretagne comme grande région productrice, affirmer l’identité culturelle et conforter la Bretagne comme grande région maritime » :« Ou l’art et la manière d’enfoncer des portes ouvertes » dans ces 3 chapitres. Il est ainsi prévu (article 5, page 10) de relancer une nouvelle dynamique pour les filières agricoles et alimentaires et le plan agricole et alimentaire mobilisera un engagement d’1 milliard d’€ sur les 5 milliard d’€ d’ici 2020 (D’où viennent ces alignements de milliards que l’on ne retrouve pas à la page 84 ?). Et ce plan acte : «  la volonté collective de l’ensemble des acteurs de rénover les conditions du dialogue ». Cela veut-il dire que « les Bretons » étaient muets ?

Donner toute sa place à la Bretagne dans l’ambition industrielle de la France : (article 6) : dont la mesure phare consiste à créer un pôle d’excellence en cyberdéfense (sans doute inspiré par nos succès en Afghanistan, Lybie, Mali et Centre Afrique ?). En fait, en matière industrielle, on veut nous faire croire que la création de 2 chaires de recherche de cyberdéfense à Guer et à Brest permettront de résoudre la crise de l’automobile ( 1400 licenciements ). Par ailleurs la cyberdéfense a droit à une trentaine de lignes et l’automobile :7 ! A croire que le paragraphe sur l’industrie a été rédigée par le chef d’état-major particulier de J-Y Le Drian.

 

Le titre II : « Conforter la Bretagne comme grande région maritime » offre une autre démonstration de promesses fallacieuses : pour l’ensemble de la pêche, conchyliculture, aquaculture, pisciculture (soit plus de 10 000 emplois dont 6 000 supplémentaires induits), il est prévu d’obtenir 1.7 million d’€ du FEP (Fonds Européen de la Pêche) . Sous le slogan : « Soutenir la pêche, la conchyliculture, l’aquaculture » : Il n’y a rien ! Comparé aux 34 millions d’€ des filières agricoles.*

 

  1. La méthode «  sceller un pacte de confiance » ou le dialogue comme discours de chanoine :

«… La concertation mise en œuvre… a confirmé l’importance du fait régional et des spécificités bretonnes. » .

Depuis, il est confirmé que le  mammifère « breton » est très différent des autres hominidés et s’en distingue par des spécificités bretonnes.

Ces spécificités de la Bretagne, entrainent des réponses « différenciées et

adaptées » .( page 29).

Avec de tels présupposés « essentialistes », on n’est guère étonné qu’il faille réitérer une réorganisation des institutions publiques en Bretagne (A bas la République !) .

 

Cette obsession « essentialiste » empêche nos élus PS de prêter attention aux différents référendums d’adaptation de nos institutions régionales qui ont émaillé la vie politique depuis 2003 (en Corse) jusqu’en Alsace récemment (en passant par la Guadeloupe, La Martinique …) et qui se sont traduits par un rejet massif de nos concitoyens des changements des cadres de notre république.

 

 

 

*Pour l’analyse pertinente du plan agricole et alimentaire ainsi que des mesures de soutien à la compétitivité des entreprises ; il est renvoyé à la contribution de 16 associations écologistes : http://pacteecosolidairebretagne.wordpress.com dans position-collectif-envt-pacte-davenir

Alors, comme l’on rejette la démocratie, on appelle au dialogue tous les 10 pages du rapport :

D’un dialogue social de qualité (page 8) au dialogue social dans les entreprises et les filières de l’agro-alimentaire, à renouer les conditions du dialogue (P. 12) , au dialogue social régional (P.21), au dialogue social au sein de la filière alimentaire ( P.57), au dialogue social renforcé au sein de la société civile et des administrations (P.61) et enfin articuler et rendre complémentaire ce dialogue social régional avec celui exercé dans nos entreprises. Enfin, ce panel, est complété par la création d’une instance régionale du dialogue social constituant une contribution à l’anticipation des mutations économiques et sociales (P.76). Page 77 : le terme « dialogue social » est répété 6 fois !

(Depuis 10 ans que le PS est à la Région, il ne s’était pas rendu compte du déficit de dialogue !).

Cette insistance pose question car à voir la région remplacer toutes les instances de concertations existantes ; jusqu’où ira-t-on ? Peut-être est-ce la pente naturelle d’un parti de gouvernement qui vient de supprimer les élections prud’homales sous prétexte de démocratie ?

En réalité, la confusion du pouvoir socialiste devant le mouvement « des bonnets rouges » est à son comble. Et les différentes interviews de l’ancien président de la région devenu « chef de guerre » ne rassurent guère en la matière : «  Une Bretagne forte … avec le pouvoir de déroger et d’expérimenter… » . Et il est à craindre que les élus socialistes soient prêts à abdiquer toute action pour se fier aux discours des tenants ethnicistes et racistes*. En matière de confusion, l’époque est semblable à celle qui a vu la majorité des élus de la SFIO , le 10 juillet 1940, voter les pleins pouvoirs à un maréchal !

  1. Conclusion : la démocratie rénovée est l’affaire de tous !

Le pacte d’avenir est significatif d’une méthode :

  • La dissimulation sous des effets de communication des efforts réels mais dérisoires (ce que d’autres appellent de l’enfumage).

  • La dissimulation et la non mise en relation avec les politiques destructrices d’emploi qui s’appliquent aussi en Bretagne : politique budgétaire, fiscale…

En réalité, il ne peut y avoir de démocratie politique sans avancées de la démocratie sociale ce que ne semble pas prêts de réaliser les patrons du mouvement des bonnets rouges.

 

 

*En mars-avril 2012, dans le numéro 32 du magazine Morbihan du CG 56 paraissait une interview de Filip Jacq, directeur de l’office de la langue bretonne, installé dans sa fonction par JY Le Drian, qui citait, avec admiration, l’écrivain fasciste roumain EM Cioran (qui lui, déclarait voir dans le nazisme « l’expression d’une barbarie créatrice »). Il n’a jamais été désavoué.

L’approbation par la délégation CGT au CESER du Pacte d’Avenir laisse place à un océan d’incompréhension. Cette décision, entraine, des comportements irrationnels chez les militants, qui va d’une interprétation « complotiste » ou « policière » (à l’égard du PS et de la CFDT) * à un fatalisme résigné (tous pourris).

En dehors de ces comportements, que la rumeur répand, il nous faut nous interroger sur les modalités et caractères de la prise de décision en la matière. Comment, par exemple, dans des instances, quelques camarades peuvent imposer une consigne de vote, sans entendre toutes les analyses.

Pour la crédibilité de l’organisation, il est indispensable de se livrer à ce que Jean Jaurès appelait « la démocratie ouvrière » le libre examen et explication de la genèse de cette prise de décision devant les UD et syndicats concernés.

A défaut de cet examen, notre dignité de syndicaliste ne sera pas rétablie pas plus que celles des membres du groupe CGT du CESER.

 

Didier Cornil

Syndicaliste CGT Douanes

 

Le 13.12.2013

*Les termes de la communication à la presse, après le vote, sont symptomatiques : le parallélisme entre les déclarations CFDT et CGT est frappant : des avancées aux signes positifs…. 



14/12/2013
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