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Avec un peu de courage et de détermination , on peut faire bouger les choses.

le nom prochain d'une rue de lanester.... ROSA PARKS

États-Unis, décembre 1955 : le boycott des bus à Montgomery (Alabama)

Le jeudi 1er décembre 1955, Rosa Parks, couturière noire d'un grand magasin de Montgomery, une ville importante de l'État de l'Alabama, à majorité noire mais réputée pour son racisme, regagnait son domicile après le travail. Quand le chauffeur du bus lui demanda de céder la place à un homme blanc, elle refusa et fut jetée en prison. “Les gens disent toujours que j'étais fatiguée, mais ce n'est pas vrai, raconta-t-elle plus tard. Je n'étais pas fatiguée physiquement, ou pas plus qu'habituellement à la fin d'une journée de travail. Non, si j'étais lasse, c'était seulement de me soumettre.”

Comme beaucoup de Noirs des États du Sud des États-Unis, Rosa Parks était lasse de l'apartheid officiel et de l'oppression violente qui y régnaient. L'accès à l'enseignement supérieur et le droit électoral ne leur étaient pas reconnus. Les quartiers de résidence et les lieux publics étaient séparés par la “ligne de couleur” partageant Blancs et Noirs. Les lynchages étaient courants. Ils faisaient chaque années des milliers de victimes.

Au début des années 1950, cette ségrégation raciale légale était mollement combattue par la Cour suprême des États-Unis. Des mouvements tentèrent d'imposer l'ouverture de l'enseignement, l'inscription des Noirs sur les listes électorales et le droit de vote. Mais la mobilisation des dizaines de milliers de Noirs de Montgomery, boycottant des transports urbains ségrégués, allait propulser le mouvement des Noirs pour les droits civiques.

Il existait 68 organisations noires à Montgomery et l'arrestation de Rosa Parks incita certains de leurs militants à proposer de boycotter les bus ségrégationnistes. L'initiative en revint au Comité politique des Femmes, qui fit circuler des tracts dans ce sens dès le jeudi soir. Les tracts se multiplièrent en quelques jours et le 5 décembre, la lutte s'engagea : les autobus circulaient presque vides, les trottoirs de Montgomery étaient remplis de milliers de Noirs marchant à pied.

Ainsi débuta un boycott qui devait durer 13 mois pendant lesquels 50 000 Noirs refusèrent d'emprunter des autobus où ils étaient humiliés par la ségrégation. La loi leur interdisait, en effet, d'occuper les places à l'avant du bus, même quand celles-ci étaient libres. Quant aux places qui leur étaient assignées, ils devaient les céder dès qu'un Blanc se retrouvait debout. En plus, les Noirs devaient rentrer à l'avant du bus pour payer, puis ressortir afin de monter par l'arrière. Pour peu que le chauffeur ait démarré dans l'intervalle, ils se retrouvaient au bord de la route, un ticket inutile à la main. Plus d'une fois, des hommes et des femmes furent molestés, mis en prison, et parfois assassinés pour avoir protesté contre ces injustices.

Avant même que le boycott n'ait commencé, les pasteurs, à la tête desquels se trouvait Martin Luther King, avaient pris la direction du mouvement. “Un d'eux posa des questions à ses ouailles et s'aperçut que toutes les assemblées de fidèles étaient au courant et résolues à boycotter, avec ou sans la bénédiction de leurs pasteurs, raconte Jo-Ann Gison Robinson, une des initiatrices du boycott. C'est à ce moment-là que les pasteurs décidèrent qu'il était grand temps, pour eux, les leaders, de se mettre au diapason des masses.”

La population noire ne faiblit pas et participa largement à l'organisation de ce mouvement. Les assemblées presque quotidiennes réunissaient des centaines de participants, des milliers lorsque la situation devenait plus tendue. A plusieurs reprises, ces assemblées firent pression pour poursuivre le mouvement.

Le ramassage des marcheurs fut peu à peu organisé par ceux qui avaient des voitures, des Noirs mais aussi des Blancs à qui le courage fut communiqué par la détermination des boycotteurs qui continuaient malgré les pressions de toutes sortes, celle de la police, celle de certains employeurs, celle des racistes du Ku Klux Klan qui venaient quadriller les quartiers noirs.

La compagnie de bus fut la première à vouloir céder, elle ne faisait plus de bénéfices, mais le gouverneur de l'Alabama prolongea l'épreuve de force. Il sentait que s'il cédait le mouvement ferait école. Il y eut des affrontements avec la police, des blessés, des amendes en série. Martin Luther King fut arrêté. Rien n'y fit. Le 13 novembre 1956, la ségrégation dans les bus était finalement reconnue illégale.

Ce succès déclencha un véritable mouvement de masse dans tout le Sud ségrégationniste. Marches de la liberté, boycotts des bus, sit-in, manifestations géantes se succédèrent pendant plusieurs années. Mais il fallut qu'explosent en 1963 les premières émeutes à Birmingham, également en Alabama, pour aboutir, en 1964, au vote d'une loi sur les droits civiques rendant la ségrégation illégale dans tous les États. Devant la menace d'une explosion sociale, l'État fédéral imposait aux États racistes de respecter, au moins formellement, la loi fédérale de non-discrimination.

Mais le mouvement n'en resta pas là. Il continua à se radicaliser jusqu'au début des années 1970. Mais l'appareil d'État résista, lançant des campagnes d'intimidation, n'hésitant pas à faire éliminer les dirigeants, plus ou moins radicaux, que se donnait le mouvement. Vers 1975, beaucoup de revendications du début avaient été satisfaites, en même temps que plusieurs centaines de militants parmi les plus déterminés avaient été assassinés. Des centaines d'autres avaient été jetés en prison. Il est bien difficile de savoir si le mouvement des droits civiques aurait pu connaître une autre fin. Mais indéniablement, il ne lui a manqué ni la détermination, ni la combativité. En revanche ce qui a fait défaut, c'est que les masses noires prennent la tête de la lutte pour d'autres buts que ceux que lui donnèrent aussi bien les pasteurs pacifistes que les nationalistes radicaux, qui demeuraient dans le cadre de la société capitaliste et qui n'appelaient pas les autres opprimés à les suivre. Si les masses noires s'étaient engagées dans cette direction, elles auraient pu transformer leur combat contre l'oppression raciale en un mouvement social de tous les opprimés. Et pas seulement de la société américaine, mais de tous les Noirs pauvres de la planète.

Michel LECOMTE

Pour en savoir plus sur le boycott de Montgomery :

Boycott en Alabama
de Jo-Ann Gibson Robinson,

 



07/12/2008
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