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Le télégramme

Kergroise. Le conflit des grutiers se durcit

Les salariés chargés de l'exploitation du port de commerce ont durci leur mouvement de grève entamé il y a trois semaines. Ils sont désormais en grève 24h sur 24, pour une durée illimitée et bloquaient, hier, les accès à Kergroise.

Un panache de fumée noire flottait hier toute la journée au-dessus du port de commerce de Kergroise. Signe incontestable que les salariés de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) sont sur le sentier de la guerre. Les grutiers et le personnel de maintenance ont démarré un mouvement de grève il y a trois semaines, afin d'obtenir de meilleures conditions de départ en retraite anticipée, dans le cadre d'un accord sur le travail pénible conclu au niveau national au printemps. Le mouvement, commencé le 11octobre, concerne une quarantaine de salariés et agents de maintenance autour de la station de livraison rail/route du silo de Kergroise.

Port bloqué

«On s'est réuni en assemblée générale ce matin,» ont expliqué, hier matin, les grévistes. «Jusqu'à présent on cessait le travail seulement le matin. Mais là, on en a marre. Comme la CCI ne bouge pas, on a décidé de changer notre préavis de grève illimitée, qui sera désormais 24h sur24.» Et pour le faire savoir, dès 8h30, les grévistes ont bloqué l'entrée du port de commerce, au niveau de la capitainerie, avec une vieille citerne métallique. Ilsont également embrasé un tas de palettes en bois. Sept camions qui étaient stationnés à l'intérieur de l'enceinte du port sont restés coincés toute la matinée. Les grévistes les ont laissés sortir à 13h. Le délégué syndical CGT YannMigliore a été reçu hier matin, à la CCI, mais est ressorti sans qu'aucune avancée n'ait pu être observée. «La direction nous renvoie toujours au niveau national», a expliqué à ses troupes YannMigliore, à l'issue de la rencontre. «On a eu une heure et demie de discussions qui tournent en rond. Pour eux, s'il y a un accord local pour améliorer le dispositif, ça créera un précédent. Mais on a l'appui de la fédération CGT des Ports et docks. S'il n'y a pas d'avancées, il pourrait bien y avoir un mouvement de grève national dans les ports».

Conseil portuaire lundi

Du côté de la CCI, on reste prudent. «Il y a une réunion du conseil portuaire lundi,» soulignait hier après-midi, Michel deTrogoff, directeur de la CCI. «Pour ne pas le perturber, nous ne souhaitons pas nous exprimer avant la réunion du conseil portuaire.» La Région, propriétaire du port, s'inquiète du prolongement du conflit, par la voix de son vice-président Gérard Lahellec. «Depuis trois semaines, la Région Bretagne a fait connaître sa totale disponibilité pour engager un processus de négociation, consistant à prendre en considération la globalité du problème. En visant le double objectif de l'efficacité économique et de l'exemplarité sociale. Dans un contexte caractérisé par une aggravation de la tension sociale sur le port, ces propositions restent plus que jamais d'actualité», a précisé Gérard Lahellec. Seul un bateau qui déchargeait 7.200 tonnes de ciment était à quai, hier. Son déchargement est bloqué. Les salariés en colère ont bien l'intention de poursuivre leur mouvement lundi matin. «Le port est fermé jusqu'à mardi,» affirmaient hier les grévistes.

• Sophie Paitier