Les usines PSA d'Aulnay et de Sevelnord menacées

Ouest-France vendredi 10 juin 2011

Un document « secret » révélé par la CGT annonce leur fermeture d'ici à 2014. Ce n'est « pas d'actualité », répond la direction.

6 200 emplois sur la sellette d'ici à 2014 ?

C'est à l'évidence un gros lièvre qu'a soulevé la CGT en révélant, hier, la teneur d'un document confidentiel de la direction de PSA (Peugeot Citroën) présenté au comité stratégique du conseil de surveillance du groupe en septembre 2010. Ce texte d'anticipation ne devait être révélé qu'après l'élection présidentielle, au deuxième semestre 2012.

Il prévoit clairement l'arrêt de l'usine d'Aulnay-sous-Bois, celle qui fabrique des Citroën C3, courant 2014. Ainsi que celle de Sevelnord, à Hordain (C8 et 807), en 2013.

Ces deux sites emploient 6 200 personnes. La production d'Aulnay serait transférée d'une part aux centres d'assemblage de Poissy (qui assemble déjà des C3) et Mulhouse, d'autre part délocalisée dans une nouvelle usine low cost, prévue en Turquie, Maroc ou en Europe de l'Est.

Globalement, la production en France serait réduite de 200 000 véhicules... Soit l'équivalent de la production d'Aulnay aujourd'hui. L'usine de Madrid serait également sur la sellette.

« Rennes a un avenir, une pérennité. »

Apparemment prise de court, la direction ne nie pas la véracité du document révélé par la CGT. Mais elle jure qu'il ne s'agit que d'un document « préparatoire », d'un « brouillon » aujourd'hui « caduc », assure Denis Martin, le directeur industriel. Et non d'un relevé de décisions.

« La fermeture d'Aulnay n'est pas d'actualité ». Et pour Sevelnord « plusieurs pistes sont explorées », martèle l'ancien patron de l'usine de Rennes, en rappelant que PSA produit en France deux fois plus de voitures qu'il n'en vend. En cherchant aussi à démontrer par l'exemple de l'usine bretonne que rien n'est figé : « Fin 2008, tout le monde disait que Rennes était condamné. Or, on a su en faire un site compétitif qui a une pérennité, un avenir. »

Le document exhibé par la CGT est plus nuancé. Ça marche pour Rennes, « sous réserve de rentabilité confirmée ».

Quoi qu'il en soit, l'horizon de l'actualité qui semble préserver Aulnay ne dépasse guère l'année. Car « au-delà de douze, mois il faut être devin » pour savoir ce qui peut se passer. Et se décider.

Éric Besson monte en ligne

Alors que les prises de position se multiplient (Marie-George Buffet pour le PC, le maire d'Aulnay...), les syndicats ont été reçus, dès ce jeudi soir, par la direction. Un comité central d'entreprise sera convoqué d'ici à une semaine « pour une mise au point ».

Éric Besson, le ministre de l'Industrie, a quant à lui pris acte des déclarations du constructeur. Et convoqué Philippe Varin, le Pdg de PSA...

Paul BUREL