CGT.Léonne Mahoïc. «Aider les autres m'aide»
Depuis le 15janvier, le tribunal des Prud'hommes est présidé par Léonne Mahoïc. Cette ancienne trieuse de poisson du port de pêche a fait de la défense des plus humbles son cheval de bataille.
«Mon
but dans la vie, c'est de me placer auprès du plus petit (...) Je suis
comme ça! Dès l'orphelinat, je me suis dressée contre l'injustice (...)
On forge son caractère à travers les coups durs. On se dit qu'on
aimerait tellement changer la société». La vie de la nouvelle
présidente du conseil des Prud'hommes ne s'est pas déroulée sous des
brocarts dorés. Pour Léonne Mahoïc, c'était plutôt écailles de poisson,
blocs de glace et épreuves successives. Une vie dure, débutée dans la
misère, avec le travail comme valeur refuge. Beaucoup de travail.
Léonne Mahoïc, à 68 ans, pourrait concurrencer Zola quand elle raconte
le roman de sa vie. Sans fioriture, en évitant le misérabilisme. Son
premier travail a commencé à l'âge de 11ans, «pour gagner quatre sous»
et aider sa famille qu'elle a prise très vite sous son aile. «Ma mère a
été grièvement blessée par une bombe dans les bombardements de Toulon,
pendant la guerre. Elle a gardé des séquelles toute sa vie. Elle nous a
élevés seule. Pendant deux ans et demi, mon frère et moi avons dû aller
à l'orphelinat. Sa santé l'empêchait de s'occuper de nous».
Un combat pour les femmes dockers
Un
travail dans la restauration à 15ans, un mariage à 17 ans et à 30ans le
grand saut: Léonne devient docker et se syndique à la CGT. Toutes les
nuits, à partir de 23h, elle trie le poisson sur le port de pêche et
découvre un monde où les femmes au travail n'ont aucun droit. «Les
femmes n'avaient aucun statut. Une centaine se présentaient chaque soir
à 23h sous la criée. On en appelait 30 pour travailler. Les autres
repartaient chez elle, sans rien. J'ai vu des femmes de 80ans qui
travaillaient les pieds et les mains dans la glace. Quand elles
partaient à la retraite, elles avaient un minimum vieillesse qui ne
leur permettait pas de vivre. Les femmes n'étaient pas considérées. Je
me suis battue pour qu'à travail égal, elles aient un salaire égal. Ma
plus belle bataille», se remémore-t-elle. En 1986, victoire! Les femmes
obtiennent leur carte de docker. Comme les hommes. Avec tous les
avantages qui vont avec. Léonne n'a pas beaucoup le temps d'en
profiter. Un accident du travail ? une caisse trop lourde ? lui
cisaille le dos. Elle subit une lourde opération à Paris: «On m'a vissé
la colonne vertébrale. Je n'ai plus travaillé après. Mais les filles
avaient leur carte verte».
Le Code du travail en livre de chevet
Pendant
six mois, elle est allongée sur un lit, sans bouger, au centre de
rééducation de Kerpape. Le Code du travail devient son livre de chevet.
«J'étais conseillère prud'homale depuis peu. J'avais l'impression de ne
pas avoir assez de connaissances.Je dormais avec mon livre rouge». Elle
semble aujourd'hui étonnée de se retrouver à la tête d'une institution
qu'elle sert comme conseillère depuis 1985. «Je ne me suis jamais
sentie bien en haut, quand on monte dans la hiérarchie.Mais j'entends
agir pour le bien général. Aider les autres m'aide à aller bien».
Depuis le 15janvier, le tribunal des Prud'hommes est présidé par Léonne Mahoïc. Cette ancienne trieuse de poisson du port de pêche a fait de la défense des plus humbles son cheval de bataille.
«Mon
but dans la vie, c'est de me placer auprès du plus petit (...) Je suis
comme ça! Dès l'orphelinat, je me suis dressée contre l'injustice (...)
On forge son caractère à travers les coups durs. On se dit qu'on
aimerait tellement changer la société». La vie de la nouvelle
présidente du conseil des Prud'hommes ne s'est pas déroulée sous des
brocarts dorés. Pour Léonne Mahoïc, c'était plutôt écailles de poisson,
blocs de glace et épreuves successives. Une vie dure, débutée dans la
misère, avec le travail comme valeur refuge. Beaucoup de travail.
Léonne Mahoïc, à 68 ans, pourrait concurrencer Zola quand elle raconte
le roman de sa vie. Sans fioriture, en évitant le misérabilisme. Son
premier travail a commencé à l'âge de 11ans, «pour gagner quatre sous»
et aider sa famille qu'elle a prise très vite sous son aile. «Ma mère a
été grièvement blessée par une bombe dans les bombardements de Toulon,
pendant la guerre. Elle a gardé des séquelles toute sa vie. Elle nous a
élevés seule. Pendant deux ans et demi, mon frère et moi avons dû aller
à l'orphelinat. Sa santé l'empêchait de s'occuper de nous».
Un combat pour les femmes dockers
Un
travail dans la restauration à 15ans, un mariage à 17 ans et à 30ans le
grand saut: Léonne devient docker et se syndique à la CGT. Toutes les
nuits, à partir de 23h, elle trie le poisson sur le port de pêche et
découvre un monde où les femmes au travail n'ont aucun droit. «Les
femmes n'avaient aucun statut. Une centaine se présentaient chaque soir
à 23h sous la criée. On en appelait 30 pour travailler. Les autres
repartaient chez elle, sans rien. J'ai vu des femmes de 80ans qui
travaillaient les pieds et les mains dans la glace. Quand elles
partaient à la retraite, elles avaient un minimum vieillesse qui ne
leur permettait pas de vivre. Les femmes n'étaient pas considérées. Je
me suis battue pour qu'à travail égal, elles aient un salaire égal. Ma
plus belle bataille», se remémore-t-elle. En 1986, victoire! Les femmes
obtiennent leur carte de docker. Comme les hommes. Avec tous les
avantages qui vont avec. Léonne n'a pas beaucoup le temps d'en
profiter. Un accident du travail ? une caisse trop lourde ? lui
cisaille le dos. Elle subit une lourde opération à Paris: «On m'a vissé
la colonne vertébrale. Je n'ai plus travaillé après. Mais les filles
avaient leur carte verte».
Le Code du travail en livre de chevet
Pendant
six mois, elle est allongée sur un lit, sans bouger, au centre de
rééducation de Kerpape. Le Code du travail devient son livre de chevet.
«J'étais conseillère prud'homale depuis peu. J'avais l'impression de ne
pas avoir assez de connaissances.Je dormais avec mon livre rouge». Elle
semble aujourd'hui étonnée de se retrouver à la tête d'une institution
qu'elle sert comme conseillère depuis 1985. «Je ne me suis jamais
sentie bien en haut, quand on monte dans la hiérarchie.Mais j'entends
agir pour le bien général. Aider les autres m'aide à aller bien».
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