Le docker a-t-il jeté une pierre sur le policier ?

Pour M^e Le Jossec, et tandis que le procureur a requis deux mois de prison avec sursis, « le doute doit profiter à Gaëtan Le Bolay ».

Un docker comparaissait hier pour des faits présumés de violence contre un policier, lors de la manifestation d'octobre dernier, à Carnel. Deux autres vont être entendus par la police.

Reportage

Il a troqué la veste et le gilet de sécurité estampillé « docker », le bonnet et les grosses chaussures pour un sobre complet veston noir et blanc. Gaëtan Le Bolay, 29 ans, comparaissait hier devant le tribunal correctionnel pour des faits présumés de violence sur un policier lors de la manifestation contre la réforme des retraites, le 19 octobre dernier à Carnel.

Près d'une centaine de personnes sont venues le soutenir. La musique, dehors, diffuse jusque dans la salle d'audience. Ce qui vaut au procureur de se demander s'il va prendre ses « réquisitions en slam », au président d'exiger que le son, « qui nuit à la sérénité de ces débats », cesse. Il cessera aussitôt.

Retour aux faits : ce mardi-là, police et CRS ont investi le pont de Carnel, face à la rue de la Marne. Ils forment l'ultime rempart avant le dépôt pétrolier de Kergroise. Se déroulent alors « des scènes de quasi-guérilla urbaine ». Le prévenu, déjà repéré et photographié par un policier du service d'identité judiciaire de Lorient, fait partie d'une escouade qui va parvenir à prendre les forces de l'ordre à revers, par l'avenue de la Perrière.

Jugement le jeudi 12 mai

Gaëtan Le Bolay ne nie ni sa présence sur les lieux, ni diverses provocations, gestuelles notamment. Mais il conteste être l'individu qui, sur une photographie (1), « arme son bras pour lancer un projectile », en l'espèce une pierre que le policier aurait évitée. « La photo est floue, je ne me reconnais pas sur cette photo », oppose le jeune docker.

Procureur de la République, Alexis Bouroz ne doute pas, lui, de l'identité de la personne figurant sur le cliché. Il rappelle aussi combien un tel acte demeure inadmissible, même s'il en modère la portée eu égard au contexte social du moment, au fait que le policier n'a pas été blessé et au casier judiciaire, vierge, du prévenu. Il requiert 2 mois de prison avec sursis et 200 € d'amende.

« D'un côté un policier assermenté, de l'autre un docker cégétiste » : pour le conseil du prévenu, Me Le Jossec, pas de doute, le tribunal tient là « un coupable idéal ». Son avocate a alors tenté de démontrer « qu'aucune photo ne prouve qu'il a lancé une pierre ».

Elle a aussi insisté sur le fait que, ce jour-là, « il n'y avait pas les bons et les méchants : les mots, les provocations, l'énervement étaient des deux côtés... Le doute, a-t-elle conclu sans prononcer le mot de relaxe, doit profiter à mon client. »

Le jugement a été mis en délibéré au jeudi 12 mai. Mais avant cela, la CGT invite les manifestants du jour à se retrouver dans deux semaines devant le commissariat de Lorient : le 28 avril en effet, deux autres dockers, auteurs présumés de faits similaires, seront entendus par les policiers.

avec Françoise ROSSI.

(1) La photo a été publiée dans un journal local qui n'est pas Ouest-France.

Yvan DUVIVIER

Ouest-France